Article by Makhdoom Shah Mahmood Qureshi, Foreign Minister of Pakistan published in Khaleej Times

La crise humanitaire en Afghanistan peut être évitée si nous nous en donnons les moyens

Près de 22,8 millions d’Afghans sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.

(Par Shah Mahmood Qureshi, le 15 décembre 2021)

Il faut de toute urgence se porter au chevet du peuple afghan. Le pays connaît l’une des pires crises humanitaires de notre époque. S’appuyant sur des décennies d’expérience dans l’analyse et la gestion des urgences humanitaires, le système des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme.

Le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres a déclaré que des millions d’Afghans vulnérables espéraient une « bouée de sauvetage » pour faire face à ce qui est peut-être leur « heure la plus grave » après des décennies de guerre et d’insécurité. Malgré ces sombres perspectives, la crise peut être évitée.

Grâce à la générosité de nombreux donateurs, le système des Nations Unies, des organisations internationales et des agences humanitaires ont contribué à mobiliser et à fournir des denrées alimentaires, des médicaments et d’autres produits vitaux.

Malgré des ressources modestes et des contraintes financières, le Pakistan accorde une aide humanitaire de plus de 30 millions de dollars, assure un pont aérien et terrestre pour les fournitures humanitaires et facilite le commerce de transit et les mouvements transfrontaliers des Afghans dans le besoin.

Et pourtant, l’aide humanitaire et les autres formes d’assistance doivent être bien plus importantes.

L’ONU estime que plus d’un demi-million d’Afghans ont été déplacés à l’intérieur du pays. Près de 22,8 millions d’Afghans sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë. Selon le Programme alimentaire mondial, « cet hiver, des millions d’Afghans devront choisir entre la famine et la migration ». D’après les médias, des milliers d’Afghans tentent de partir. Ils vivent une véritable course contre la montre !

Le peuple afghan a pâti des effets cumulés d’un conflit s’inscrivant dans la durée, d’une sécheresse prolongée dans les zones rurales, de la perturbation de l’activité économique dans les zones urbaines et de l’aggravation des impacts socio-économiques de la pandémie de Covid-19.

L’acheminement de fournitures humanitaires en Afghanistan présente des défis logistiques en raison de l’hiver rigoureux et de l’éloignement géographique. La fragilité de la structure de gouvernance, la grave pénurie de liquidités et les sanctions financières constituent un danger clair d’effondrement économique en Afghanistan. Même si la population sera vraisemblablement touchée, cela peut et doit être évité.

Les sanctions et le gel des avoirs ont paralysé le système bancaire afghan, empêchant le transfert de fonds à des fins humanitaires et le paiement des salaires des travailleurs dans des secteurs essentiels tels que les services publics, l’éducation et la santé.

Il est essentiel de s’interroger sur le caractère adéquat de ces sanctions pour pouvoir sauver des vies, permettre la mise en place de services de base et maintenir un minimum de gouvernance publique. Les retards sont susceptibles d’entraîner des risques involontaires de voir le système financier recourir à des échanges d’argent non réglementés. Un tel scénario pourrait compromettre nos objectifs communs de lutte contre le terrorisme et les trafics.

Nous ne devons pas abandonner le peuple afghan maintenant. Il serait catastrophique de céder à la tentation de « tourner la page ». Cela conduirait exactement à ce que la communauté internationale veut éviter : un exode, une instabilité et un conflit accrus, et le spectre du terrorisme émanant du pays.

Les inquiétudes de la communauté internationale quant à la situation des droits de l’homme et à la nature du partage du pouvoir en Afghanistan sont légitimes. Ces préoccupations doivent être abordées dans toutes leurs dimensions : civile, politique, sociale, économique et culturelle.

Aider les Afghans dans le pays constitue une solution durable et rentable. Il nous faut orienter nos efforts vers l’ensemble de la population, et non seulement porter assistance à quelques-uns.

Les Afghans ne sont pas responsables des échecs de leurs anciens dirigeants et ne doivent pas être pénalisés pour la tournure récente des événements dans le pays.

Cette crise peut être l’occasion de définir un cap pour l’Afghanistan, afin de renforcer la paix, la sécurité, le développement et les droits de l’homme.

Un tel cap exige de faire preuve de prudence dans l’enchaînement et la hiérarchisation des actions. Le rythme de l’engagement politique et diplomatique doit être renforcé, parallèlement à l’aide humanitaire et économique.

C’est pourquoi le Pakistan accueille une session extraordinaire du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI) à Islamabad le 19 décembre 2021, afin de manifester sa solidarité avec le peuple afghan et de contribuer à la mise en place d’un canal efficace pour la fourniture coordonnée de l’aide humanitaire à l’Afghanistan.

En tant que deuxième plus grande organisation intergouvernementale après les Nations Unies, l’OCI est bien placée pour monter la voie en venant en aide aux Afghans. Le Pakistan espère que les États membres de l’OCI et la communauté internationale apporteront tout le soutien possible au peuple afghan en détresse.

Un proverbe dit qu’un point fait à temps en épargne cent. Cela vaut pour l’Afghanistan. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. Le monde doit agir, et agir maintenant.

Shah Mahmood Qureshi est le ministre des Affaires étrangères du Pakistan.

L’article original peut être consulté sur le site https://www.khaleejtimes.com/opinion/humanitarian-crisis-in-afghanistan-is-preventable-if-we-have-the-will

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Sohni Dharti Remittance Program (SDRP)

Embassy of Pakistan

Paris

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The Government of Pakistan under the leadership of Prime Minister Imran Khan has inaugurated the Sohni Dharti Remittance Program (SDRP) on 25 November 2021. This joint venture program is specially designed for Pakistani workers abroad to send remittances to Pakistan through banks and exchange companies while earning reward points. These reward points can then be used to avail different benefits offered by partner organizations. 

For the first time ever, remitters and beneficiaries will now get rewards for every remittance sent home

Sohni Dharti Remittance Program (SDRP) is a point-based loyalty scheme for our remitters who work abroad and send money to their loved ones in Pakistan through banking channels or exchange companies.

It is a unique and first-ever smartphone application available in English and Urdu language that tracks and updates every remittance a remitter sends home and awards remitters with reward points, which can be redeemed for free of cost services at multiple Public Service Entities.

Earn reward points on every remittance you send!

Remitters will earn reward points based on a certain percentage of every remittance one sends. There are three rewarding tiers:

Green

Gold

Platinum

Reward points will be given to remitters based on the following tier criteria:

Category

Annual Remittance Amount (in 1 year)

Reward Points Earning (% of Remittance Amount)

Category Annual Remittance Amount (in 1 year) Reward Points Earning (% of Remittance Amount)
Green Up to USD 10,000 1.00%
Gold From USD 10,001 to USD 30,000 1.25%
Platinum More than USD 30,000 1.50%

Fiscal Year July to June

Equal PKR amount of remittance

Every remittance can upgrade the remitter category level and earn them more reward points.

Reward points appear on the app in the form of a virtual card that updates automatically with reward points after each remittance.

Download and Register

Visit the Google Play Store (for Android Smartphones) or App Store (for iOs Smartphones) and download the app.

On the welcome screen, enter your full name, CNIC number, Passport number and current place of residence.

Details of the scheme are accessible at:  http://www.sbp.org.pk/sohnidharti/index.html 

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Latest SOPs for International Passengers Arriving in Pakistan- 5 December 2021

Embassy of Pakistan

Paris

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          As per the latest instructions issued by the NCOC on 05 December 2021, France has been included in Category B. The following SOPs would therefore apply to all passengers visiting Pakistan:-

  • 100% vaccination for all inbound passengers.
  • All passengers of 06 years age and above are required to be in possession of negative PCR test report (max 48 hours old) before boarding.
  • Rapid Antigen Test of random flights will be conducted at airport on arrival from Cat ‘B’ countries.
  • Rapid Antigen Test negative cases will be allowed to proceed. RAT positive cases will be quarantined for 10 days. RT PCR test of all RAT positive quarantined passengers will be undertaken on 8th day of quarantine. In case of negative result, passenger will be allowed to proceed home. However, in case of positive result, passenger will either undergo additional quarantine period or will be shifted to hospital as per advice of health authorities.

 

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Mehfil-e-Milad at Pakistan Embassy Paris

Embassy of Pakistan (France)

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Press Release

Mehfil-e-Milad at Pakistan Embassy Paris

October 18, 2021

 

Mehfil-e-Milad was held at Pakistan Embassy here this evening to celebrate Eid Milad-un-Nabi.

Members of the Pakistani community and officials of the Embassy participated in the event.

Community members including poets and children recited Naats while speakers highlighted various aspects of the life of the Holy Prophet (S.A.W.), emphasizing that by embracing his teachings, humanity  can achieve salvation.

Speaking on the occasion, Charge d’Affaires Mr. Muhammad Amjad Aziz Qazi said that the Holy Prophet (S.A.W.) was a messenger of peace and his life provided an excellent model for bringing about coexistence and harmony among various communities as well as peace and stability in today’s world.

 

Foreign Minister’s Portal (FMP) for France

Embassy of Pakistan,  Paris  

(11 October 2021)

The Embassy of Pakistan, Paris is pleased to announce that the Foreign Minister’s Portal (FMP) for France has been recently launched. In addition to the existing Pakistan Citizen’s Portal, FMP would further supplement effective facilitation and redressal of the complaints and problems of our community members.

The Pakistani Diaspora living in France can also register their complaints or queries at FMP. The App may be downloaded from Google Play :- https://play.google.com/store/apps/details?id=com.nitb.foreignministry.foreign_ministry_portal&hl=en&gl=US

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Imran Khan, Premier ministre du Pakistan, appelle les États-Unis à « se ressaisir » pour éviter un effondrement en Afghanistan

Middle East Eye (11 October 2021)

Le Premier ministre du Pakistan, Imran Khan, a appelé ce lundi les États-Unis à « se ressaisir » pour éviter que l’Afghanistan ne redevienne un refuge pour les terroristes.

« Nous traversons un moment critique et les États-Unis doivent se ressaisir ; les Américains sont en état de choc, » a-t-il déclaré dans une interview accordée à Middle East Eye, un site d’information en ligne basé à Londres.

Évoquant le sacrifice de dizaines de milliers de Pakistanais après que le pays a rejoint la guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis, Imran Khan a ajouté qu’il était d’un intérêt vital pour le Pakistan que Washington se montre à la hauteur, par crainte de payer un tribut bien plus lourd.

« Les Américains pensaient l’avenir en termes de démocratie, de “nation building” ou de femmes libérées, et, du jour au lendemain, le drapeau taliban a été hissé dans Kaboul. La colère est grande, tout comme le choc et la surprise. À moins que les États-Unis ne prennent les devants, nous craignons que le chaos règne à nouveau en Afghanistan et qu’il se répercute le plus durement chez nous. »

Il estime qu’après deux décennies de conflit, les États-Unis n’ont pas d’autre choix que d’appuyer un gouvernement stable en Afghanistan, aux mains des talibans, car eux seuls sont en mesure de combattre l’État islamique dans la région — et de bloquer les tenants de la ligne dure dans leurs rangs.

Le Premier ministre pakistanais a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle s’engage auprès de l’Afghanistan. Tourner le dos au peuple afghan serait un désastre, cela reviendrait à renforcer les extrémistes et à ramener le pays vingt ans en arrière.

Sanctionner les talibans mènerait selon lui à une catastrophe humanitaire en Afghanistan alors que la moitié de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté et que 75 % du budget dépend de l’aide internationale.

« Si nous ne faisons rien, je crains que 1989, l’année où les Soviétiques et les Américains sont partis et où plus de 200 000 Afghans sont morts dans le chaos, ne se répète sous nos yeux, » a-t-il déclaré, faisant référence à la guerre civile qui a ravagé le pays après le retrait des troupes soviétiques.

Imran Khan a indiqué à Middle East Eye qu’en 2008, il avait averti Joe Biden, John Kerry et Harry Reid — tous trois sénateurs à l’époque — que la voie militaire ne permettrait pas de sortir du bourbier afghan qu’ils avaient créé. Il n’a pas été écouté.

Deux ans plus tard, le général pakistanais Ashfaq Parvez Kayani, alors chef d’état-major des armées, a fait part du même message au président américain Barack Obama.

« Nous sommes soulagés, parce que nous nous attendions à un bain de sang. Nous avons finalement assisté à un transfert pacifique du pouvoir. En revanche, nous avons eu le sentiment d’être blâmés pour cela. Trois cent mille soldats [de l’armée afghane] ont baissé les armes, nous n’y sommes pour rien. »

À la question de savoir si le gouvernement formé par les talibans était inclusif, Imran Khan a concédé qu’il ne l’était pas, mais il a précisé qu’il s’agissait d’un gouvernement de transition.

Il a déclaré que le Pakistan travaillait avec les États voisins, notamment le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, au vu des importantes minorités ethniques ouzbèkes et tadjikes vivant en Afghanistan, afin d’encourager les talibans à former un gouvernement plus représentatif.

« Ils ont besoin d’un gouvernement inclusif, reflétant la diversité de la société afghane. »

Imran Khan a déclaré qu’il fallait donner du temps aux talibans : « Ils ont fait des promesses et se retrouvent à court d’options. Qu’allons-nous faire d’autre si nous les sanctionnons ? Le meilleur moyen est de les inciter à tenir parole. »

« Si nous les forçons, connaissant leur tempérament, ils résisteront. Ce serait contre-productif. »

Il a expliqué qu’il y avait différents courants au sein du mouvement taliban et un manque de leadership clair sur certaines questions.

Il a déclaré que le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) était composé de 50 groupuscules et qu’il tentait de réconcilier ceux qui se montraient prêts à discuter.

« Nous essayons maintenant de parler avec eux, car nous sommes en position de force. J’ai toujours eu l’intime conviction que tous les insurgés finissent par consentir au dialogue, comme l’IRA [Armée républicaine irlandaise] par exemple, » a-t-il déclaré en faisant référence à l’accord de paix conclu en Irlande du Nord.

Imran Khan a ajouté que le gouvernement taliban à Kaboul avait assuré à Islamabad que le TTP ne serait pas autorisé à lancer des attaques contre le Pakistan depuis le sol afghan.

Il a accusé les services de renseignement indiens d’avoir apporté un appui aux attaques survenues sous l’ancien gouvernement de Kaboul.

« Nous devons maintenant parler à ceux avec qui nous pouvons trouver un terrain d’entente afin de les [persuader] de rendre leurs armes et de réintégrer la vie civile. »

Le Premier ministre du Pakistan a condamné l’utilisation répétée de drones par les États-Unis en Afghanistan.

« C’est la façon la plus insensée de lutter contre le terrorisme : attaquer une hutte de terre dans un village avec un drone et s’attendre à ce qu’il n’y ait pas de victimes collatérales. D’autant que bien souvent, les drones ont visé les mauvaises personnes. »

À la question de savoir si le Pakistan autoriserait les États-Unis à lancer des frappes visant l’EI en Afghanistan depuis le Pakistan, Imran Khan a répondu : « Une base ici leur serait inutile, car nous n’avons pas besoin de participer à un nouveau conflit. »

« Aucun pays n’a payé un aussi lourd tribut. Quatre-vingt mille Pakistanais sont morts. L’économie a été durement touchée. Nous avons accusé 150 milliards de dollars de pertes. On a dit que c’était l’endroit le plus dangereux de la planète. Trois millions et demi de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. »

Imran Khan a estimé qu’il était encore trop tôt pour dire quel effet le retrait américain aurait sur la région.

Il a néanmoins déclaré que la Chine, puissance émergente, était la mieux placée pour combler le vide. Par ailleurs, elle est venue en aide au Pakistan dans les jours les plus sombres de son histoire récente.

« Quel pays nous a prêté main forte, alors que nous étions proches de la banqueroute ? La Chine. On se souvient toujours de ceux qui nous aident à surmonter les moments difficiles. »

Discutant de la situation des droits de l’homme au Jammu-et-Cachemire illégalement occupé par l’Inde (IIOJK), le Premier ministre du Pakistan a déclaré que l’Inde jouissait de la même impunité pour ses tentatives d’altération de l’équilibre démographique du Cachemire que celle dont profite Israël dans les territoires palestiniens occupés.

Il a accusé Narendra Modi de copier la stratégie d’Israël en permettant aux colons d’acquérir des terres dans le territoire contesté.

Qualifiant l’IIOJK de prison à ciel ouvert, il a déclaré que l’Inde violait la Convention de Genève en modifiant la Constitution indienne pour mettre fin à l’autonomie du Cachemire.

Le Premier ministre du Pakistan a estimé que l’Inde n’avait pas rencontré de contestation plus vigoureuse sur la scène internationale dans la mesure où ses alliés occidentaux la considéraient comme un rempart contre la Chine.

Il a ajouté que l’Inde avait également bénéficié d’une relation stratégique et militaire approfondie avec Israël, forgée par la visite de Narendra Modi dans le pays en juillet 2017, suivie par celle du Premier ministre israélien de l’époque, Benyamin Netanyahou, en Inde l’année suivante.

Interrogé sur l’instabilité de la situation actuelle, Imran Khan a répondu : « Si vous observez les points de tension, à l’heure actuelle, le principal point de tension nucléaire est probablement formé par le Pakistan et l’Inde, car c’est le seul endroit où l’on se retrouve avec deux pays dotés de l’arme nucléaire qui ont connu trois guerres avant de l’acquérir. »

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Imran Khan: le Pakistan ne porte pas la responsabilité de l’issue de la guerre en Afghanistan

Par Imran Khan, Premier ministre du Pakistan

En regardant les auditions au Congrès américain au sujet du retrait d’Afghanistan, j’ai été frappé de voir que les sacrifices du Pakistan, allié des États-Unis dans la guerre contre le terrorisme pendant plus de deux décennies, n’ont pas été mentionnés. Au lieu de cela, nous avons été blâmés pour la débâcle américaine.

Soyons clairs, je n’ai eu de cesse de répéter depuis 2001 que la victoire n’était pas acquise en Afghanistan. Compte tenu de leur histoire, les Afghans n’auraient jamais accepté le déploiement à long terme de forces militaires étrangères sur leur territoire, et aucun pays, y compris le Pakistan, n’était en mesure d’infléchir cela.

Malheureusement, les gouvernements qui se sont succédé au Pakistan après le 11-Septembre ont tenté de se concilier les bonnes grâces des Américains au lieu de souligner les limites d’une approche purement militaire. En quête insatiable de légitimité nationale et internationale, le dictateur militaire pakistanais Pervez Musharraf a systématiquement accordé aux États-Unis le soutien militaire exigé après le 11-Septembre. Cela a coûté cher à Islamabad comme à Washington.

Parmi les groupes ciblés par le Pakistan à la demande des États-Unis figuraient ceux entraînés par la CIA et notre agence de renseignement, l’ISI, pour vaincre les Soviétiques en Afghanistan dans les années 1980. À l’époque, ces moudjahidines afghans étaient salués comme des combattants de la liberté, accomplissant un devoir sacré. Le président Ronald Reagan les a même reçus à la Maison-Blanche.

Une fois les Soviétiques vaincus, les États-Unis ont quitté l’Afghanistan et sanctionné mon pays, laissant derrière eux plus de 4 millions de réfugiés afghans fuir vers le Pakistan alors qu’une guerre civile sanglante éclatait en Afghanistan. Ce vide sécuritaire a donné naissance aux talibans, dont beaucoup ont vu le jour et ont été éduqués dans des camps de réfugiés afghans au Pakistan.

Revenons à l’après 11-Septembre, lorsque les États-Unis ont de nouveau fait appel à nous — mais cette fois contre ceux-là mêmes que nous avions soutenus conjointement pour lutter contre l’occupation soviétique. Pervez Musharraf a mis à disposition des Américains des bases logistiques et aériennes, autorisant la CIA à opérer au Pakistan, allant jusqu’à fermer les yeux sur les drones américains qui bombardaient des citoyens pakistanais sur notre territoire. Pour la première fois, notre armée a envahi les zones tribales semi-autonomes situées à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, qui avaient auparavant servi de base au jihad antisoviétique. Les tribus pachtounes de ces régions, farouchement indépendantes, ont tissé des liens ethniques profonds avec les talibans et d’autres militants islamistes.

Pour elles, les États-Unis tout comme les Soviétiques étaient des « occupants » en Afghanistan et ils méritaient le même traitement. Le Pakistan, rangé derrière les États-Unis, a à son tour été jugé coupable et attaqué. Cette situation, aggravée par les quelque 450 frappes de drones américaines sur notre territoire, a fait de nous le seul pays au monde à être ainsi bombardé par un allié. Ces tirs ont causé de nombreuses victimes parmi les civils, attisant le sentiment antiaméricain (et le rejet de l’armée pakistanaise).

La situation rendait tout retour en arrière impossible. Entre 2006 et 2015, une cinquantaine de groupes militants islamistes ont déclaré le jihad contre l’État pakistanais, perpétrant plus de 16 000 attaques terroristes à notre endroit. Ce conflit a coûté la vie à plus de 80 000 Pakistanais, tandis que les pertes économiques du pays se sont élevées à plus de 150 milliards de dollars. Par ailleurs, 3,5 millions de nos citoyens ont dû fuir leur foyer. Certains militants, passant entre les mailles du filet pakistanais, ont réussi à rejoindre l’Afghanistan. Soutenus et financés par les services de renseignement indiens et afghans, ils ont multiplié les attaques contre nous.

Le Pakistan a dû lutter pour sa survie. Comme l’écrivait en 2009 un ancien chef de station de la CIA à Kaboul, le pays « commençait à craquer sous la pression incessante exercée directement par les Américains ». Pourtant, les États-Unis nous demandaient sans cesse d’intensifier nos efforts pour la guerre en Afghanistan.

Un an plus tôt, en 2008, je rencontrais Joe Biden, John F. Kerry, Harry M. Reid et d’autres sénateurs pour leur exposer cette dynamique dangereuse et souligner la futilité de l’intervention militaire en Afghanistan.

Malgré cela, l’opportunisme politique a prévalu à Islamabad tout au long de la période de l’après 11-Septembre. Le président Asif Zardari, sans doute l’homme le plus corrompu à avoir dirigé mon pays, a dit aux Américains de continuer à cibler les Pakistanais parce que « les dommages collatéraux vous inquiètent, vous les Américains, mais ils ne m’inquiètent pas. » Nawaz Sharif, le Premier ministre du gouvernement suivant, était du même avis.

Le Pakistan avait en grande partie contré les offensives des terroristes en 2016. Néanmoins, la situation continuait de se détériorer en Afghanistan, comme nous l’avions prédit. Pourquoi un tel écart ? Le Pakistan disposait d’une armée et d’un service de renseignement disciplinés, qui bénéficiaient tous deux du soutien populaire. En Afghanistan, le manque de légitimité des troupes étrangères déployées depuis longtemps dans le pays était aggravé par un gouvernement afghan corrompu et inepte, perçu par les Afghans, notamment dans les zones rurales, comme un régime fantoche sans crédibilité.

Au lieu d’affronter cette réalité, les gouvernements afghan et occidentaux ont préféré créer un bouc émissaire commode en rejetant la faute sur le Pakistan, nous accusant à tort de fournir des sanctuaires aux talibans et de leur permettre de circuler librement à travers notre frontière. Si tel avait été le cas, les États-Unis n’auraient-ils pas mené certaines des quelque 450 frappes de drones contre ces supposés sanctuaires ?

Pourtant, pour satisfaire Kaboul, le Pakistan a proposé un mécanisme conjoint de visibilité frontalier, suggérant, entre autres, des vérifications biométriques et préconisant d’ériger une clôture le long de la frontière (tâche menée à bien quasiment sans aide extérieure). Toutes nos idées ont été rejetées. Au lieu de cela, le gouvernement afghan n’a pas manqué une occasion de « blâmer le Pakistan », appuyé par l’Inde et ses réseaux de désinformation ramifiés à des centaines d’organes de propagande dans de nombreux pays.

Il aurait été plus réaliste de négocier avec les talibans plus tôt, en évitant l’embarras de la déroute des troupes afghanes et de l’effondrement du gouvernement d’Ashraf Ghani. Le Pakistan n’est certainement pas responsable du manque de motivation de l’armée afghane et de ses 300 000 soldats entraînés et armés face à des talibans sous-équipés. Le problème de fond était que la structure gouvernementale afghane manquait de légitimité aux yeux des Afghans.

Aujourd’hui, alors que l’Afghanistan se trouve de nouveau à la croisée des chemins, nous devons nous tourner vers l’avenir pour prévenir un autre conflit violent dans ce pays, plutôt que de ressasser de sempiternels reproches.

Je suis convaincu que la communauté internationale gagnerait à s’engager aux côtés du nouveau gouvernement afghan pour assurer la paix et la stabilité — ses attentes portent sur l’inclusion des principaux groupes ethniques dans le gouvernement, le respect des droits du peuple afghan et la promesse que le territoire afghan ne sera plus jamais utilisé par des terroristes contre quelque pays que ce soit. Les dirigeants talibans auront davantage de raisons et de moyens de tenir leurs promesses s’ils sont assurés de recevoir l’aide humanitaire et au développement requise pour diriger efficacement le pays. En outre, l’octroi de telles incitations offrirait un levier supplémentaire pour pousser les talibans à honorer leurs engagements.

En appliquant ces principes, nous pourrions aboutir à ce que le processus de paix de Doha visait depuis le début : un pays, l’Afghanistan, qui ne constitue plus une menace pour le monde, où les Afghans peuvent enfin rêver de paix après quatre décennies de conflit. L’alternative — l’abandon de l’Afghanistan — a déjà été tentée. Comme dans les années 1990, elle conduirait inévitablement à l’effondrement, avec pour corollaires naturels le chaos, les migrations massives et une menace renouvelée de terrorisme international. Éviter cela doit être un impératif à l’échelle mondiale.

(Publié dans le Washington Post le 27 septembre, 2021)

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